Naturalité de la catégorisation sémiotique: de la genèse perceptuelle à la déférence sémantique à l’égard du référent

Estudos Semióticos

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ISSN: 1980-4016
Editor Chefe: Ivã Carlos Lopes
Início Publicação: 30/11/2005
Periodicidade: Quadrimestral
Área de Estudo: Linguística

Naturalité de la catégorisation sémiotique: de la genèse perceptuelle à la déférence sémantique à l’égard du référent

Ano: 2020 | Volume: 16 | Número: 3
Autores: Bruno Leclercq
Autor Correspondente: Bruno Leclercq | [email protected]

Palavras-chave: sémiogénétique, déférence sémantique, externalisme sémantique, empirisme, réalisme

Resumos Cadastrados

Resumo Inglês:

As they go back « to the (natural) sources of meaning », Groupe μ’s Principia  Semiotica  tend  to  question  the  whole  semiotic  tradition,  which,  by looking  mainly  at  texts,  had  mostly  insisted  on  the great  inventiveness  and cultural diversity of sign systems. By putting the stress on the naturalness and non-arbitrariness    of   semiosis,   Groupe   μ    challenges    the   «   axiom   of conventionality   »   that   prevails   in   contemporary,   especially   structuralist, semiotics.At the same time, Groupe μ tackles the epistemology of  « linguistic (or more generally symbolic) idealism », which became prevalent as a result of some  «  linguistic  turn  »  in  the  twentieth  century  and  took  conventional categorization as the only source ofsemiosis and knowledge. By taking a close look   at   perceptual   sources   of   primal   semiosis,   Groupe   μ   restores   an epistemology, which is both realist –as it takes the world’s organization to be prior to, and an incentive for, its structuration by language –and empiricist –as it takes sense experience to be the way such an incentive operates and therefore to be the first source of semiosis and knowledge. Because it stresses that  the natural cognitive processes which rule such a semiosis are continuous with other material processes within the living world, semiogenetics turns out to stand by an epistemology which is also more naturalistic and materialist than culturalist and  language-oriented.  Yet,  according  to  Groupe  μ,  the  further  stages  of semiosis are the locus of an intersubjective semiosis, which is more arbitrary and culture-dependent.  Our  own  work  on  semantic  deference  however  shows  that the division of linguistic labour, which ensures the intersubjectivity of meaning, does not necessarily entail conventionality, but can also, for at least some words, be linked to a realist epistemology, which attaches great value to the naturalness rather than arbitrariness of semiosis



Resumo Francês:

En revenant « aux sources (naturelles) du sens », les Principia Semiotica du Groupe µ jettent un solide pavé dans la mare de toute une tradition sémiologique qui, partant des textes linguistiques (puis visuels), avait plutôt insisté sur la grande inventivité et la grande diversité culturelle des systèmes de signes. En soulignant la dimension résolument naturelle et motivée de la sémiose, le Groupe µ s’en prend frontalement à un certain « axiome de conventionalité » dominant dans la sémiologie contemporaine, notamment dans son paradigme structuraliste. Par le même geste, le Groupe µ s’en prend aussi en droite ligne à une épistémologie d’« idéalisme linguistique (ou plus généralement symbolique) », qui s’est imposée dans la seconde moitié du XXème siècle sous l’influence d’un certain « tournant linguistique » et qui a vu, dans les catégorisations conventionnelles, la source de toute sémiose mais aussi de toute production de connaissance. Par son attention aux sources perceptuelles de la sémiose la plus originaire, le Groupe µ réhabilite tout à la fois une certaine épistémologie réaliste, qui estime que le monde est déjà organisé avant sa structuration dans telle ou telle langue et qu’il motive même cette structuration, et une certaine épistémologie empiriste, qui voit dans l’expérience sensible le lieu de cette motivation et dès lors la source première de la sémiose et de la connaissance. En insistant sur la continuité des processus cognitifs naturels qui régissent cette sémiose avec d’autres dispositifs matériels présents dans le monde animal ou même vivant, la sémiogénétique s’avère aussi solidaire d’une épistémologie plus naturaliste et matérialiste que culturaliste et « glossocentriste ». Reste toutefois que les étapes ultérieures de la sémiose (avec la fonction de renvoi propre à la sémiose indirecte ou l’interprétation propre à la sémiose consciente) rendent, pour le Groupe µ, toute sa place à une sémiose intersubjective plus arbitraire et culturellement dépendante. À partir de nos propres travaux sur la déférence sémantique, nous montrons cependant que la division du travail linguistique, qui garantit cette intersubjectivité du sens, n’implique pas forcément la conventionalité qu’on lui associe généralement, mais qu’elle peut elle aussi, pour certains signes au moins, être liée à une épistémologie réaliste qui s’attache à la motivation naturelle plutôt qu’à l’arbitraire conventionnel de la sémiose.